Lady. K, celle qui trouble le silence des murs

Lady. K, celle qui trouble le silence des murs


Lady k souhaite que l’on regarde ses toiles avec une émotion joyeuse.

Des constantes traversent ses œuvres, comme les formules mathématiques, la mode, la lettre et la phrase.

« Quand j’ai commencé à écrire, c’était pour demander l’égalité, investir un environnement commun et politique, affirmer une existence, influer sur le monde, être reconnue et entendue à part entière, être l’égale des hommes et non un objet pour lequel tout est décidé. »

 

 Alors que Jessika a toujours refusé de dessiner, à l’âge de dix ans elle se lance, à l’invitation de son père architecte d’intérieur, sur le papier peint des toilettes. Elle dessine des mangas, des filles aux tenues extravagantes et, avec un marqueur Onyx, commence à s’intéresser au lettrage. Elle compose des jeux de mots qui s’appuient sur la culture afro/américaine. À la maison, elle passe de longues heures à travailler la lettre au crayon sur papier, sur toile et sur bois. Dans le même temps, Jessika ne peut résister à l’appel de la rue à travers des tags, des phrases, des pochoirs… « Tout en même temps », dit-elle. mais très vite, elle se met à graffer sur son trajet d’une douzaine de kilomètres. Cette griffe va désormais s’imposer. Psychose la fait entrer dans le CREW 156, collectif international fondé par Jon One. À l’avenir le chiffre 156 accompagnera sa signature.

 

Les courants artistiques du XXè siècle. Impressionnisme, figuralisme, cubisme, mouvement Dada, et futurisme marquent l’inspiration de l’artiste. « On ne peut s’empêcher de penser à Cocteau quand on parle de dessin et d’écriture. Il affirmait que l’écriture lie la ligne, tandis que le dessin la délie… Nous ne pouvons pas contourner les surréalistes avec ce mot dessin dans une sorte de supra-calligraminimalistique. Ce groupe d’intellectuels s’est intéressé au pouvoir poétique des images créé par la peinture et la poésie. Par leur iconoclasme, ils ont ouvert le champ des possibles. » Lady K décèle la perte de la nature statique de l’espace urbain au profit d’une dynamique affective intense ouverte au partage.

 

À l’issue d’une année préparatoire, l’artiste alors âgée de vingt ans, connue grâce à son blaze (pseudonyme) Lady K, entre à l’école des Beaux Arts, section peinture et multimédia. Plutôt que d’assister aux cours pendant sept années nécessaires à l’obtention du diplôme, elle préfère la pratique autodidacte de la rue. Elle reconnaît toutefois avoir découvert la critique d’art avec Pierre Sterckx, qui enseignait dans ce prestigieux établissement.

 

Selon Lady K, travailler la lettre repose sur une démarche tant poétique que politique, qui vient en contre champ de l’art conventionnel. Entraînée depuis son enfance au writting (*), baignée dans des ouvrages d’art, elle s’affranchit des canons de la calligraphie, étudiant depuis deux décennies les rapports entre les caractères. Elle en fait un objet à mi-chemin entre l’abstraction et la figuration. « Dessiner, c’est créer une interdépendance entre les lignes et les courbes, installer un rapport logique entre les pleins et les vides, de façon à obtenir une composition harmonieuse… Avec le writting toute la richesse de l’activité intellectuelle se déploie. Il lui redonne ses lettres de noblesse, bien loin du graffiti qui évoque plutôt un gribouilli… La calligraphie, kyrielle de signes abstraits, n’a jamais été incluse dans le champ de la peinture. C’est seulement en usant de stratégie de peintre que nous pouvons accueillir une noble activité de transmission des savoirs. »

Comment Lady K fait-elle du mot une signature et de la signature un art ? En étirant ses lignes en surface colorées, avec des ombres, de la lumière, des contrastes, des cernes. « Léonard de Vinci considérait la peinture comme un acte intellectuel,et pas seulement manuel. »

Claire Champenois

Vous ne saurez plus en découvrant son œuvre dans sa monographie https://livre.fnac.com/a17158570/Claire-Champenois-Lady-K

 

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