Bando : Le Pionnier du graffiti à Paris , père du street art ?
Philippe Lehman, alias Bando, est la référence quand on parle du graffiti à Paris. C'est le père fondateur de ce mouvement d'art urbain reconnu aujourd'hui. Il a importé le graffiti outre-Atlantique vers l'Europe et la capitale française. Photos, Bio, Interview, liens, tout est là !
Les débuts de Bando et sa découverte du Graff
Âgé d'environ 20 ans dans les années 80, Bando découvre le graffiti à New-York grâce à son ami Soy TWA et rencontre Bear 167. Le mouvement en est alors à ses prémices. Seul la mégalopole américaine connait alors les premiers graffs. A l'époque, les tags apparaissent peu à peu sur les murs des quartiers. Les membres de crews affichent fièrement leurs appartenances aux groupes. Les métros, les camions, les murs des villes, tout y passe ! Dondi White, Samo, Taki 183 et Seen font partie des pionniers du mouvement. Pour en savoir davantage sur les origines du mouvement street art et graffiti, je vous invite à lire mon article sur le sujet ici.
Bando dit lui-même ne plus se souvenir comment il a rencontré, en 1981, le légendaire Henry Chalfant, sans qui le mouvement graffiti n'aurait probablement pas voyagé autant. Henry Chalfant est photographe et il a regroupé un nombre incalculable de clichés de graffs, tags, fresques et autres prestations du monde de la rue. A mon sens, c'est en partie grâce à lui que le mouvement a prospéré en Europe.
Bando passe deux à trois mois par an aux States et y découvre le graffiti. Issu d'un milieu plutôt aisé et vivant à Saint Germain des Près à Paris, il s'émancipe rapidement et devient accro à la bombe aérosol. Au départ, il "graff" seul puis s'associe rapidement à Scam pour fonder son premier crew : "Bomb Squad 2". Plus tard, le crew regroupera Boxer, Colt, Mode 2 et Shoe.
Rapidement, les graffeurs parisiens se rencontrent. En effet, rares sont ceux qui connaissent le milieu et les endroits où ils peignent sont souvent les mêmes. Entre le pont de la concorde et le Pont Neuf, les tageurs sont rois ! Le Pont du carrousel est LE rendez-vous des graffeurs parisiens. La force ALPHA (blitz, spirit), Solo, Colt 1985, Futura 2000 et Blek le rat font partie des pionniers français. Le Crew "Crime Time Kingz" nait. En son sein, Bando, Sign, Delta et Rockin Squat (fondateur du groupe de Rap "Assassins").
1980-1990 : Bando assoit sa réputation de graffeur durant l'âge d'or
Bando et sa bande redonnent des couleurs à la ville de Paris entre 1981 et le début des années 1990. je vous invite à regarder le légendaire documentaire, "Writers, 20 ans de graffiti à Paris" pour tout savoir sur la naissance, l'évolution et le contexte de l'art urbain parisien.
Bando se fait rapidement une solide réputation grâce à son style Old School qui à l'époque (et même aujourd'hui) reste difficilement imitable sur certains de ses lettrages. Il passe son temps à taguer les murs, les ponts et bien sûr les rames de métro qu'il "défonce" la nuit après s'être fait enfermer dans les stations. A l'époque, on vole les bombes : "vers 1984, avec Colt et Scam, on peignait majoritairement la nuit après avoir tapé nos bombes chez Castorama ou une autre boutique. Je me souviens de plans où l’on mettait Colt sur une chaise roulante et on remplissait le dessous de la chaise avec des bombes ! Ça marchait super bien ! " Bando est très attaché à cette pratique. Il qualifie les nouveaux graffeurs modernes de rigolos. Donc si je suis son raisonnement, vendre des portraits street art personnalisés sur toile en ayant acheté son matos c'est être un rigolo ? je suis un rigolo... Eh beh merde alors. . . Si j'avais su !
Des Londoniens, du nom de TCA (The Chrome Angels) débarquent à Paris. La rencontre avec les TCK marquera l'Histoire car les graffeurs échangeront leurs techniques et styles pour faire évoluer leurs traits et leurs empreintes dans la capitale. Mode 2, qui, pour moi est le PATRON du personnage graffé, rejoint Bando et les TCK au printemps 1985. Les quais de scènes sont blindés et les palissades du Louvre (en construction à l'époque) sont magnifiquement décorées ! :P L'objectif est simple : faire le plus de graffs et faire des graffs les plus visibles possible : "Un Bon graff c'est lisible quand tu passes à fond en voiture." Bando
Quand on lui parle de street art, il se marre. Pour lui, la base du graff c'est le vandale : voler ses bombes et défoncer le plus de supports possibles. Passer en galerie est pour lui inconcevable. Son crédo ? l’efficacité ! Gros lettrages propres, travaillés mais toujours lisibles d'un simple regard. Personnellement, je suis totalement fan de ce type de graff.
Il peint sur toile de large lettres bombées. Pour lui, ça semble une maladie. Il faut qu'il dessine chaque jour, quelque soit le support.
La guerre des talents de graffeurs : voilà ce qu'il aime. Il a tout de même permis à des artistes comme Jonone (un des pionniers du street art mondial) de venir s'installer en France à Paris vers 87.
Bando : du graff à la production de musique
Bando a également fait un bout de chemin dans la production de musique. Début 1990, le graff et la culture urbaine explose à Paris. Rares sont les témoignages sur l'artiste mais quelque chose me dit qu'il a voulu sortir peu à peu du milieu pour aller vers la musique. Je rappelle qu'à l'époque, le Rap débute et tout est possible pour percer.
Bando aurait créé trois label :
- Pure Records ( du gros son Funk des familles remixé)
- Desco Records (Funk/ Disco fondé à New York avec Gabe Roth)
- Soul Fire Records (fondé apparemment seul suite à des divergences de goûts avec Gabe Roth).
Depuis ? le néant !!! Nan je rigole ! J'ai peu d'informations sur ce qu'est devenu Bando depuis les années 2000. Cet article est à présent terminé. Petite vidéo comme d'habitude. Une vision du graff par Bando, un brin imbu de lui-même mais c'est un régal quand même.
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MADJAR Bruno (dimanche, 27 mars 2022 21:30)
"Un brin imbu 2 lui-même"...l'expression est faible :)
Mais le Talent étant présent, on lui pardonnera :)