Blek le rat : Le pionnier du street art en France inspire Banksy
Comment parlez de street art sans passer par Blek le rat ? De son vrai nom Xavier Prou, les oeuvres de Blek sont souvent confondues avec celles de Banksy ! Pourquoi ? D'où vient Blek le rat ? Quel est son parcours d'artiste ? ses oeuvres ? interview et vidéo : les réponses sont dans cet article.
Les débuts de Blek
Né en 1952 près de Paris, Blek le rat est, selon moi, le père fondateur du pochoir street art. En vadrouille à New-York dans le début des années 70, le jeune homme de l'époque veut devenir une star. En effet, en pleine période Hippie, des étoiles comme Les Rolling Stones, Bob Dylan, Santana, Janis Joplin et toute les patrons du Rock laissent rêveur.
En 1976, il obtient son diplôme de sérigraphie et litographie à l'école des Beaux Arts de la capitale française. C'est lors de son voyage au États-Unis, berceau du graffiti, qu'il rencontra un étudiant qui lui fît découvrir le tag dans un quartier du sud-ouest de New-York. Blek le rat dira lui-même avoir été halluciné par cette forme d'art. Après l'obtention de son diplôme, il étudiera l’architecture à La Villette. Cela lui a ouvert les yeux sur l'architecture urbaine et fait naître en lui un désir de la transformer.
D'après la légende, c'est en ayant vu des marmots peindre une cabane sur un terrain vague dans lequel il était bénévole, qu'il aurait eu l'idée de se lancer dans le graffiti. C'est en 1981, dans les 14ème et 18ème arrondissements de Paris qu'il se lance dans l'aventure de l'art urbain. Je tiens à préciser qu'à ce moment là, ces zones sont pleines de maisons abandonnées, une mine d'or pour les graffeurs ! C'est avec un ami à lui qu'il commencera ses premières oeuvres. Leur nom de "crew" est alors Blek. Bien qu'ils essaient le graff "classique", leur manque de méthodes, de techniques et donc de savoir-faire, les incite à arrêter le lettrage.
Rapidement, il s'émancipe et se met à peindre seul. Après une lourde condamnation en 92 pour avoir "dégradé un bien appartenant à autrui" comme le stipule la loi, il peint sur des affiches qu'il colle sur les murs. Le procédé est le même mais l'application est beaucoup plus rapide. Cela lui permet d'être moins exposé.
Il va rapidement se spécialiser dans le pochoir. Les personnalités célèbres ou les portraits d'anonymes sont ses principaux motifs. Il s'inspire des sans-domiciles rencontrés pendant son jeune âge mais aussi des personnes de l'environnement urbain quotidien. Le célèbre rongeur en pochoir est un de ses premiers pochoirs. Il les peint le long des trottoirs de paris dans les années 1980. A titre anecdotique, son nom Blek le rat est directement inspiré par le personnage de bande dessinée italien Blek le roc. Il connaitra le succès grâce à un pochoir d'un vieillard irlandais visible ci-dessous. Par la suite, il commencera à exposer dans les galeries de Paris.
Blek le rat : entre humanisme et dissidence
Blek le rat n'a jamais cessé de réinventer la manière de nous toucher en tant que spectateur de son travail. Touché par la misère sociale et l'individualisme, il a réalisé de nombreuses oeuvres
pour dénoncer l'absence de solidarité des individus entre eux : "Pour moi, mon art dénonce et alerte l'injustice et ce qui me révolte, une révolte contre l'art académique établi. Je préfère
que les gens se fassent leurs propres opinions face à mon travail et arrivent à leurs conclusions personnelles sur le sens et le message qu'il communique."
Il a réalisé de nombreuses oeuvres de personnages apparaissant comme isolées, seules, et en décalage avec le milieu qui les entoure. C'est selon moi un moyen de nous interroger sur la manière de vivre avec notre environnement, notre condition et notre classe sociale. Ainsi, Blek le rat nous amènent à réinterroger notre rapport à l'injustice et à la solidarité entre les hommes. N'est ce pas là une des principales fonctions de l'art urbain ?
En 2006, Il a peint des sans-abri en pochoirs, couchés le long des murs afin de sensibiliser le public à leur absence totale de réaction face à l'abandon de ces personnes.
Il a également soutenu la cause de Florence Aubenas, retenue en otage pendant près de 6 mois en Irak en 2005. Il a couvert les murs de Paris avec des portraits en pochoir de cette femme, en guise de soutien. C'est totalement la classe de faire ça je trouve. Pas vous ?
Pourquoi blek le rat est il un des pionniers du street art ?
Le street art ou "art urbain" se décline sous plusieurs formes et sous plusieurs styles. Du pochoir au graff en passant par un message subjectif, dénonciateur, subversif ou même une installation, le support est le même : les murs de nos villes. Cependant, Blek le rat est un des pères fondateurs du mouvement dans la mesure où, vers 1981, personne ne réalise des pochoirs. Beaucoup d'artistes de l'époque découvrent le monde du graffiti qui est en plein essor. Je vous invite à lire mon article sur l'origine du street art dans lequel vous pourrez visionner un documentaire qui retrace les premiers pas des graffeurs parisiens.
Le lettrage à la bombe, tout droit arrivé des states fait rêver les artistes de l'époque. Blek est alors le premier (oui j'ai oublié Ernest Pignon-Ernest mais je ferai un article sur lui bientôt promis !) artiste plasticien à coller des pochoirs sur des affiches représentant des personnages en taille réelle. Les pochoirs sont alors assez 'basiques' (je vais me faire engueuler mais je prends le risque) car la postérisation de l'image pour la création des différentes couches de peintures n'est qu'en noir et blanc. Vous me direz : rien de plus efficace ! et vous aurez raison ! Car aujourd'hui en France et partout dans le monde on ne compte plus les artistes qui font des pochoirs street art en noir et blanc. Je ne citerai que ceux dont j'ai parlé dans mes précédents articles (lien cliquable) : Miss tic et Jef aérosol.
La postérisation est très utilisée dans l'art urbain car elle permet de reproduire une photo ou une image en ne gardant que les principales sources de contrastes. Cela permet de reconnaître facilement les visages et les ombres. Je réalise moi-même des portraits street art d'après photo avec ce procédé. Si vous souhaitez réaliser des pochoirs, aller donc faire un tour du côté de mon tutoriel pour les créer facilement. Ça me donnera peut-être l'occasion d'écrire un article sur vous dans quelques années, qui sais ? :)
Blek le rat : Parrain du street art de Banksy ?
Considéré et de très loin comme le parrain, le père ou encore le pionnier du street art mondial (rien que ça); Blek le rat a clairement influencé de nombreux artistes à travers le monde. Certains iront même jusqu'à dire qu'ils appartiennent à "l'école Blek". La richesse des influences de l'artiste (Le Pop Art de Warhol, l'antiquité grecque et romaine, etc...) font de lui un artiste complet.
Banksy dira dans une interview : "A chaque fois que je peins quelque chose, je découvre que Blek le rat l'a déjà fait 20 ans plus tôt !" Il est très largement influencé par Blek comme vous pouvez le constater avec cette oeuvre ci-dessous (perso elle est dans mon top 10). Blek le rat ne considère pas Banksy comme un artiste mais plutôt comme un "excellent critique de la société". Selon moi, une manière de dire : "C'est qui le patron ?" :) Il dira dans une interview que les oeuvres de Mark Jenkins et Swoon sont "plus fortes". Personnellement, je pense que Jenkins et Banksy se talonnent niveau talent (j'ai creusé pour le trouver ce jeu de mots... minable.)
Évolution, galeries d'expositions et Conclusion
Il a rapidement connu le succès en exposant notamment à la galerie Loft et à la galerie Jean-Paul Christophe dès les années 80. Après plusieurs expositions, il se rend en 2008 à Los Angeles avec un rassemblement d'oeuvres intitulé « Art is not peace but war ». On est d'accord pour dire que ce mec est un véritable dissident et que l'ensemble de son art est un pied-de-nez au système en place. Ce qui est paradoxal, c'est qu'il dit lui-même être quelqu'un de normal : pas d'addictions, pas beaucoup de sorties, une femme et un gosse, son art et le voilà heureux. Ça existe encore si si.... :P
Sa cote ne cesse de monter, car l'art urbain est en plein essor dans le marché de l'art. Je vous laisse le soin d'aller voir les prix des toiles des artistes les plus connus. C'est juste hallucinant.
Il continue de travailler son style à travers les murs et les galeries d'art, laissant ainsi une trace de son art sur des supports durables. Il est présent dans de nombreux événements sur l'art urbain. Il a également publié quelques ouvrages papiers comme rétrospectives de son travail. Il a travaillé et exposé à Miami, Londres, Mexico, Florence, Berlin, etc... Vous pouvez retrouver l'intégralité de ses oeuvres dans une rétrospective sur son site officiel ici.
Il considère l'art urbain, graffiti en premier lieu, comme la forme d'art la plus grande au monde. Le graff est partout, dans toutes les villes du monde. Pour lui il n'y a jamais eu autant de personnes investies dans un mouvement. Là, je suis clairement d'accord avec lui, sans compter que l'art urbain façon déco s'invite désormais dans nos maisons, dans les publicités, etc.... Pour Blek le rat, les galeries d'art doivent continuer de perpétuer le mouvement en faisant découvrir de nouveaux artistes et, ainsi, en écrivant peu à peu, l'Histoire de l'art. . .
Cet article est à présent terminé. Comme le veut la coutume, je vous laisse une vidéo de l'artiste. N'hésitez pas à partager l'article via les réseaux sociaux et commenter si le coeur vous en dit ! A très bientôt !
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